Mathias Philippe : « Etape par étape, sans trop me projeter. »

La veille de l’ouverture des Jeux Méditerranéens à Tarragone en Espagne, Mathias Philippe (pôle de Lyon / Les Enfants de la Dordogne) se blesse au genou droit lors de l’entraînement au saut. Pris en charge immédiatement et rapatrié dès le lendemain, le gymnaste de 25 ans, a reçu le soutien total de ses coéquipiers engagés en Espagne. C’est étape par étape que veut se reconstruire Mathias qui a déjà connu deux fois la blessure.

Mathias, comment vas-tu ? 

Je n’ai pas de douleur au niveau du genou. Des nouvelles sont venues par le chirurgien qui m’a indiqué qu’il s’agissait d’un gros diagnostic : le ligament antérieur est cassé ; le ligament postérieur aussi, et pareil pour le ligament interne. Il souhaite m’opérer au plus vite : l’opération est programmée le 11 juillet… J’ai déjà été opéré deux fois du genou gauche mais cette opération du genou droit sera plus importante. La jambe sera immobilisée pendant deux mois pour bien fixer les ligaments. S’en suivra une rééducation plus classique qui durera deux à trois mois de plus. Je rejoindrai le CERS de Capbreton dans les Landes, un centre de rééducation qui m’a été conseillé.

Peux-tu revenir pour nous sur les circonstances de ton accident ?

Je me blesse à l’entraînement, au saut, avant l’ouverture de la compétition. Sur le moment, je suis dirigé très rapidement vers l’hôpital local où j’ai pu faire des radios pour confirmer qu’il n’y avait rien de cassé au niveau osseux. Je suis ensuite rentré à l’hôtel où les médecins et les kinés se sont très bien occupés de moi et m’ont rassuré. J’étais un peu stressé à l’idée de reprendre l’avion le lendemain et de souffrir avec l’altitude. Mais tout s’est bien passé. J’ai pu rentrer chez moi avec l’assistance nécessaire. 

As-tu suivi la compétition après ton retour ?

Bien sûr, j’ai regardé le live. J’avais les garçons en direct sur Whatsapp : ils m’envoyaient les résultats, des photos et des encouragements. J’ai reçu un message très émouvant de Paul (Degouy) qui m’a remplacé. Il m’a dit que je méritais aussi cette médaille par équipe et qu’il avait fait de son mieux. Et je lui ai répondu qu’il avait fait du super taff. Arriver dans ces circonstances, le jour de la compétition, et réussir un super match, c’est vraiment bien. Les garçons sont restés concentré. Je m’en serais voulu encore plus si ma blessure avait déstabilisé l’équipe.

Comment va le moral ?

Ça a été un gros coup au moral. Et au quotidien, il y a des hauts et des bas. Je m’occupe au maximum en regardant des séries et en lisant des livres. Je ne veux pas ruminer la projection du travail qui m’attend. J’ai déjà connu deux fois cette situation… La première blessure en Top 12 avait été beaucoup plus frustrante car je n’avais pas connu de compétition internationale. Cette fois-ci, j’ai pu montrer plus de choses, j’ai disputé deux compétitions à l’international. Je me suis déjà prouvé que je pouvais revenir. 

Les journées sont longues… 

Je ne peux pas trop bouger. Mon genou n’est pas du tout stable. Je dois donc être très vigilant. Je suis quand même passé au pôle deux ou trois fois pour donner des nouvelles, prendre l’ambiance du gymnase et voir les autres s’entraîner. Ça me fait à la fois du bien et du mal car j’aimerais bien m’entraîner. J’en profite pour lire et avancer sur mes cours de psychomot’. Je devais d’ailleurs commencer un stage pour valider ma première année mais cela va être difficile. Je vais voir comment faire pour décaler. J’étudie quand même déjà le programme de deuxième année.

Veux-tu ajouter quelque chose ?

Je veux remercier les collègues de Tarragone pour leur soutien. Ils m’envoient des messages tous les jours pour savoir où j’en suis. Cette équipe est très belle. Elle a du potentiel et l’a prouvé aux Jeux Méditerranéens. C’est de bon augure pour le championnat d’Europe de Glasgow. Je veux aussi remercier le président, James Blateau, le Directeur Technique National, Kévinn Rabaud et le Directeur du Haut Niveau GAM, Yann Cucherat. Tous ont pris de mes nouvelles et m’ont fait parvenir leurs encouragements. 

Ton retour à la gym est attendu.

J’essaye de faire abstraction de ça. C’est dur d’y penser alors que je ne peux même pas marcher. Je vais prendre les choses étape par étape, sans trop me projeter. C’est pour moi la meilleure façon d’y arriver.