Ch. du monde 2017 - Corinne Callon : « Il nous manque encore un niveau de difficulté....

Après une compétition en demi-teinte, l’équipe de France de gymnastique artistique rentre des 47èmes championnats du monde de Montréal sans médaille. Ce n’est pas une première pour les gymnastes français qui ne sont plus montés sur un podium mondial depuis 2009 chez les féminines (Youna Dufournet en bronze au saut) et depuis 2014 chez les masculins (Cyril Tommasone en bronze aux arçons). Mais il y a eu des performances et des finales à Montréal, ce qui n’était plus arrivé chez les féminines depuis 2011. Corinne Callon, Directrice Technique Nationale, effectue le bilan de cette édition 2017.

Corinne, quel est votre sentiment à l’issue de ces championnats du monde ?

Je dresse un bilan plutôt mitigé de cette compétition, teinté d’un peu de déception. Il existe toutefois quelques performances qu’il faut saluer. Je pense à celles de Mélanie De Jesus Dos Santos et de Samir Aït Saïd, qui sont les seuls à avoir réussi ce que j’appelle le « sans faute ». Ils ont proposé la performance pour laquelle ils se sont entrainés si dur. Mélanie réalise par deux fois, en qualification et en finale, un très beau Concours Général avec à la clé, une 5è place mondiale. C’est le meilleur classement français depuis Youna Dufournet en 2009 et Emilie Le Pennec en 2005. Pour ses premiers championnats du monde, c’est vraiment un excellent résultat. Pour décrocher la médaille, il nous manque encore un niveau de difficulté. C’est la même analyse pour Samir, qui fait un très beau mouvement en qualifications mais aussi en finale. Le petit dixième qu’il nous manque en note D se retrouve sur la note finale. Et je ne vais pas revenir sur la déception des 8 millièmes qui l’éjectent du podium. Pour eux, l’objectif est rempli. 

Qu’en est-il des autres gymnastes ?

Zachari Hrimèche décroche une très belle qualification au saut de cheval. Une finale mondiale, c’est déjà un résultat positif. Mais en finale, il y a une erreur. Il n’a pas réussi à reproduire la performance attendue et, au niveau mondial, c’était indispensable. Quant aux autres gymnastes, c’est plutôt un sentiment de déception. Ils n’ont pas montré leur potentiel. Il y a eu des erreurs, plus ou moins importantes mais qui ne reflètent pas le niveau que nous attendons. Alors bien-sûr, on peut trouver des justificatifs pour certains ; préparation perturbée, mauvaise gestion du stress pour leur premier championnat du monde… Mais je ne souhaite pas chercher d'excuses. Il y a du travail et si nous n’avons pas encore réussi nous continuons à avancer.

Quelles sont les solutions ? 

Les feuilles de route sont tracées. Il nous faut augmenter à la fois la difficulté et la réussite à l’entraînement. Le nombre de répétition est primordial et je pense que c’est ce qu’il nous manque. La préparation n’est pas suffisante pour arriver en toute sérénité sur un niveau de championnat du monde où la concurrence internationale est vraiment très élevée. Nous réalisons actuellement une analyse en profondeur avec les gymnastes et les entraîneurs, pour obtenir de meilleurs résultats sur les prochaines échéances. La stratégie d’équipe sera privilégiée en 2018, pour les championnats d’Europe (août) et les championnats du monde (octobre). Les gymnastes devront se préparer comme des généralistes.