Véronique Legras-Snoeck : "Notre premier objectif à Doha, c'est [...] la finale par équipe."

La Directrice du Haut-Niveau GAF, Véronique Legras-Snoeck, revient sur les Internationaux de France achevés il y a deux semaines et évoque la préparation de l'équipe de France GAF en vue des championnats du monde de gymnastique artistique qui se tiendront à Doha, à partir du 25 octobre.

Comment avez-vous vécu l’édition 2018 des Internationaux ?
Les Internationaux de France étaient une étape dans la préparation des championnats du monde de Doha. Nous souhaitions mettre les filles en situation de stress avec un public français acquis à leur cause et ainsi tester leur émotivité. Ce n’est pas un exercice facile, mais le public leur a donné des ailes et cela s'est plutôt bien passé. Nous souhaitions également évaluer l’état de forme de la concurrence mondiale lors de cet événement en prévision des championnats du monde, sans pour autant chercher une concurrence féroce. Nous avons pu voir évoluer la Canadienne Elsabeth Black, vice-championne du monde chez elle en 2017, ainsi que les Suédoises ou les Espagnoles.

Comment évaluez-vous les performances individuelles ?
L’objectif était aussi de remettre Louise Vanhille en situation de compétition internationale, même si elle était hors concours. Elle était présente sur deux agrès et elle a pu tester un nouveau mouvement aux barres asymétriques. De son côté, Juliette Bossu devait confirmer son mouvement aux barres asymétriques, ce qu'elle a très bien fait. Mélanie De Jesus Dos Santos devait, elle, s'exprimer en étant que leader et confirmer son statut. C'est une position difficile à assumer. Elle sait très bien le faire lorsqu’elle est tout à fait prête, or, lors des Internationaux elle était encore en phase de préparation, ce qui explique sa petite contre-performance aux barres asymétriques. En revanche, elle a très bien assumé son statut de championne d’Europe au sol en réalisant un très beau mouvement. Je suis satisfaite du travail produit par les filles lors de cette compétition.

Après les bons résultats de l’équipe de France lors de cette étape de Coupe du monde, qu’attendez-vous de l’équipe durant ces dernières semaines de préparation ?
Après les Internationaux, nous avons immédiatement repris notre préparation. Jeudi dernier, j’ai réuni, lors d’un stage national à Saint-Étienne, les cinq titulaires de l’équipe des championnats du monde et la remplaçante actuelle, Léanne Bourgeois. J’ai également convié les trois autres remplaçantes, Léa Marques, Sheyen Petit et Morgane Osyssek, afin qu’elles se préparent au match en Allemagne, qui nous a permis de confirmer la remplaçante, car même si Léanne avait un tout petit peu d'avance, ces quatre jeunes filles ont un niveau équivalent et nous souhaitions les évaluer une dernière fois.
Aujourd’hui, dans cette dernière ligne droite de la préparation, j’attends particulièrement des cinq titulaires, un affûtage de leur forme physique, de leur travail technique et gymnique, afin de gagner des petits dixièmes sur chaque passage.

Avez-vous fixé des objectifs spécifiques à chaque gymnaste ?
Nous avons fixé des objectifs de points à chacune et pour chaque agrès en vue des championnats du monde de Doha, mais également pour le match en Allemagne. Lors d’une réunion, nous les avons questionnées afin de connaître les objectifs et les notes qu’elles visaient pour ces championnats. C'était vraiment très intéressant parce que sans connaître les objectifs que nous leurs avions fixés, leurs entraîneurs et moi-même, elles nous ont donné pratiquement toujours la même note que ce que nous avions envisagée, à un 2 ou 3 dixièmes près.

Quel total de points visera l’équipe ?
Notre premier objectif à Doha, c’est le concours 4, c’est-à-dire la finale par équipe. Nous savons que si tout le monde fait son job nous pouvons y prétendre et atteindre l’objectif de points fixé pour l’équipe, à savoir, à l’instar des championnats d’Europe, 164 points. Nous sommes cependant conscients que ce total peut varier très rapidement en fonction du match réalisé. Par exemple, à Glasgow, nous avons réussi à atteindre les 164 points espérés lors des qualifications, mais lors de la finale par équipe nous avons réalisé un total de 161 points. Elles doivent donc toutes atteindre leurs objectifs personnels afin de réaliser celui de l’équipe. C'est par la force de chacune d'entre-elles que l'équipe deviendra forte et par conséquent nous pourrons peut-être prétendre à un résultat individuel notamment pour Mélanie De Jesus Dos Santos. Elle sait qu’elle peut espérer de bons résultats en individuel, mais ce n’est pas l'objectif premier, l'objectif premier, c'est l'équipe. C’est parce qu'elle sera forte pour l'équipe, qu’elle pourra remplir peut-être son objectif individuel.

Après la blessure récente de Coline Devillard, membre de l’équipe médaillée lors des championnats d’Europe, avez-vous revu votre stratégie pour les championnats du monde afin d’atteindre ce même objectif de 164 points ? 
Après la blessure de Coline, que nous regrettons naturellement, nous avons fait beaucoup de calculs afin de déterminer si l’objectif de 164 points par équipe était toujours réalisable. Nous pensons que l’équipe sans elle perdrait environ 1 point et évidemment nous avons cherché comment nous pouvions le récupérer. Grâce au travail de préparation de chaque fille, notamment sur la précision et la qualité d’exécution, nous serons certainement en mesure de gagner 1 ou 2 dixièmes sur certaines notes. Nous aurons donc beaucoup moins de marge, mais l’équipe est capable de totaliser 164 points. C’est justement notre nouveau défi et malheureusement sans Coline comme équipière. Nous allons nous accrocher à cet objectif partagé avec les gyms.

De son côté, Lorette Charpy fera son retour à la compétition après sa blessure contractée cet été quelques jours après les championnats d’Europe, quel rôle jouera-t-elle dans l’équipe ? 
Nous sommes ravis de son retour. Jeudi dernier, le collectif a réalisé un test en vue des championnats du monde et du match en Allemagne, auquel Lorette a évidemment participé. Elle est passée aux quatre agrès. Elle a notamment fait un complet aux barres avec une sortie. Nous avons choisi d’aménager son programme au sol. La stratégie, c'est de revoir légèrement à la baisse son mouvement, mais d'augmenter l'exécution et la qualité. Lorette est vraiment un exemple de courage, de volonté et de détermination. Cet état d’esprit est partagé par l’équipe et aujourd’hui elle en est l’exemple. Pour les filles, l’équipe est vraiment une notion importante qui représente le travail, la cohésion, la précision… Et c’est grâce à cette notion qu’elles prennent conscience que leurs objectifs sont atteignables. Le groupe devient de plus en plus fort, mais nous savons que c'est fragile et nous devons l’entretenir.

Après le retour de Houston des filles qui se sont entraînées avec Simone Biles, triple championne du monde, elles vont la retrouver en compétition lors des championnats. Selon vous quels sont les bénéfices que les filles peuvent tirer de cette expérience ?
S'entraîner aux côtés de Simone Biles, multi-championne olympique, alors qu’elles étaient en préparation des championnats du monde, ne peut être que bénéfique. Elles ont pu partager ses entraînements et observer l’importance de chacun de ses passages. Elles se sont rendu compte que même si elle avait effectivement des qualités extraordinaires et un suivi quotidien où la recherche de la performance est permanente, elle restait une jeune femme et gymnaste qui, comme elles,  pouvait parfois rencontrer des difficultés à l’entraînement.