Gym Santé : les avancées de la recherche - Camille Eyssartier

Camille Eyssartier, doctorante sur le projet Gym Santé au sein de la Fédération Française de Gymnastique, évoque dans cette tribune les recherches menées sur la lombalgie à l'Institut de biomécanique humaine George Charpak dans le cadre du programme Gym Santé

La Fédération Française de Gymnastique a depuis toujours à cœur de veiller à l’intégrité physique de ses athlètes et pratiquants loisirs. Les activités gymniques sont très exigeantes pour le rachis lombaire (partie basse de la colonne vertébrale allant du milieu du dos jusqu’au niveau du bassin) mais elles permettent d’améliorer la souplesse, l’alignement, la proprioception et le travail musculaire qui sont des éléments connus comme contribuant à réduire les douleurs au dos. Consciente de ce paradoxe et forte de son expérience, la FFGym a choisi de s’orienter vers la prévention de la lombalgie (maux de dos). L’objectif est d’améliorer les programmes de préparation physique des gymnastes pour prévenir la lombalgie mais aussi de mettre son expertise gymnique au service de la population générale qui est massivement touchée par les douleurs et pathologies du rachis lombaire en proposant la pratique de la Gym Santé au sein de ses clubs.

C’est dans cette dynamique que la FFGym a développé un programme de renforcement musculaire spécifique – programme Lombal Gym – qui vise à être décliné pour des populations de personnes sédentaires, de pratiquants loisirs ou de gymnastes compétiteurs et qui a pour but de prévenir et de soulager les éventuelles lombalgies. Afin d’évaluer ce programme et d’en comprendre les mécanismes sous-jacents en vue de prendre en compte les spécificités individuelles pour le rendre plus performant, la FFGym travaille en collaboration avec l’Institut de Biomécanique Humaine Georges Charpak. Ce laboratoire de recherche est doté d’une grande expertise en biomécanique du rachis et en sciences du mouvement et du sport.

Pour atteindre ces objectifs, des campagnes expérimentales sont mises en place. Des séances de mesures comprenant un bilan clinique, des acquisitions radiographiques et des acquisitions de capture du mouvement sont réalisées sur des sujets pratiquants la Gym Santé et sur des gymnastes compétiteurs. Les sujets étudiés viennent deux fois au laboratoires ; une première fois avant de débuter le programme Lombal Gym et après trois mois de pratique afin d’évaluer l'effet du programme sur leur rachis lombaire. En effet, à partir des radiographies et des acquisitions du mouvement, il est possible de quantifier les courbures de la colonne vertébrale et les contraintes mécaniques auxquelles elle est soumise en position statique et en cours du mouvement. Ces analyses permettront alors de mettre en avant les bienfaits du programme sur le rachis lombaire et de préciser le lien de causalité entre les exercices du programme et l’impact sur la colonne vertébrale.

Quatre gymnastes pratiquants la GAM en compétition à l’Albonaise de Franconville sont venus au laboratoire en janvier dernier pour une première séance de mesures et pratiquent aujourd’hui le programme Lombal Gym dans leur club, les premiers retours de leur entraîneur sont très positifs. Quatorze sujets pratiquant la Gym Santé sont également impliqués dans le protocole de recherche, après seulement cinq séances Lombal Gym leur coach Valérie constate déjà avec satisfaction des corrections posturales lors de la réalisation des exercices du programme.

Tandis que gymnastes et amateurs pratiquent le programme Lombal Gym, l’équipe de recherche travaille activement pour traiter et analyser les premières données acquises et développer les modèles numériques sous-jacents en vue de déterminer les paramètres d’intérêts. Dans quelques semaines ces mêmes sujets reviendront au laboratoire pour l’évaluation finale et il faudra alors analyser ces nouvelles données en vue de comparer les résultats obtenus avant et après la pratique du programme Lombal Gym. De plus, d’autres sujets, en particulier des gymnastes pratiquant la GR et la GAF, vont continuer d’être inclus dans l’étude pour poursuivre et approfondir les recherches.

 

Camille Eyssartier, doctorante sur le projet Gym Santé