OBJECTIF TOP 12 : Aurélien Bouquet et Thierry Kling pour l'Albonaise Franconville

Aurélien Bouquet et Thierry Kling, respectivement gymnaste et entraîneur de l’Albonaise Franconville, exposent les ambitions du club francilien pour cette nouvelle saison du TOP 12.

Que pensez-vous de cette nouvelle formule ?

Thierry Kling : La nouvelle formule est intéressante dans sa conception pour faire mieux connaitre la gym. Nous allons rendre plus lisible notre activité par un format court et attractif. C’est une bonne chose. Après, au niveau de la stratégie et de la tactique, c’est presque une nouvelle compétence à acquérir pour les entraîneurs et l’équipe car c’est un volet qui n’était pas très présent dans notre activité. Ce format fait évoluer la gymnastique.

Aurélien Bouquet : Cette nouvelle formule de TOP 12 incarne une forme de nouveauté dont nous sommes toujours friands. Pour nous, les gymnastes de club, c’est un peu tôt dans la saison par rapport aux gyms de pôle mais nous nous adaptons. Le système de championnat semble intéressant pour les gens du club, les spectateurs, les partenaires. Cela va créer de l’actualité et des rencontres tout au long de la saison et non plus un rendez-vous unique. L’idée de duel est intéressante, habituellement dans la gym, nous sommes les adversaires de nous-mêmes. Cette fois, nous affronterons un autre gymnaste. Nous allons changer nos habitudes en compétition. L’aspect mental va être très important. La stratégie va ajouter une valeur à la compétition, cela va devenir presque un jeu et cela peut être sympa. Le rôle des entraîneurs va devenir majeur voir primordial. Le TOP 12 et son format court est un bon moyen d’ouverture de notre sport vers l’extérieur. C’est une première année donc la charge de travail est importante pour tous les acteurs, que ce soit la fédération, les clubs, les entraîneurs et les gymnastes. Nous sommes contents de prendre part à cette expérimentation.

Thierry, qu’est-ce que ce format change à votre métier d’entraîneur ?

T.K : En tant qu’entraîneur, nous aurons une responsabilité plus importante dans les choix qu’il y aura à faire. Nous aurons peu de temps pour prendre les décisions. Il faudra être dans l’instant de la compétition. Auparavant, mon métier c’était d’élaborer la stratégie, discuter avec les gyms sur les ordres de passage et la conception des mouvements. Il y avait une forme de certitude en arrivant en compétition. Il y aura beaucoup plus d’aléas dans ce nouveau format TOP 12. La concertation avec le gymnaste sera presque impossible, je ne pourrai plus les associer à la décision. En dix secondes, il faudra que je fasse ce choix seul. Pour moi, c’est un gros travail de réflexion pour anticiper toutes les prises de décisions pour faire le bon choix. J'ai tenu ce discours aux gyms : « je ferai des erreurs mais on devra assumer collectivement les choix qui seront faits. » Pour les gyms, il y aura aussi une zone d’incertitude sur leur ordre de passage. Ils doivent se préparer à passer à n’importe quel moment. On travaille actuellement en situation de duels avec deux équipes à l’entrainement avec un temps court pour la prise de décision. On essaie de les mettre au plus près de la situation de compétition. Je vais un peu avoir l’impression de faire de la « pokégym », en quelques secondes il faudra envoyer un gymnaste au duel. Je suis un peu inquiet pour le temps de conditionnement des gymnastes, ils devront se concentrer extrêmement rapidement.

Aurélien, à titre personnel, sur quels agrès souhaites-tu concourir ?

A.B : Je pense être présent sur au moins 5 agrès. Mon atout c’est d’être plutôt généraliste. Je sors des notes correctes, ce n’est pas au même niveau des gymnastes de l’équipe de France mais c’est relativement homogène sur tous les agrès. C’est un peu à l’image de tout le club, nous sommes réguliers et maîtrisons nos mouvements.

Que penses-tu du format « duel » ?

A.B : Tous les duels représenteront des challenges. Plus forte est la personne en face, plus la satisfaction en cas de victoire sera importante. Quoi qu’il en soit, les duels seront « bon enfant ». Plus le challenge est élevé, plus le duel sera appréciable. C’est bien de pouvoir se confronter aux meilleurs. La pression sera de leur côté. Nous serons plus dans la peau des chasseurs que des chassés.

Vous rencontrerez Clamart et Boulazac en poule. Comment vous situez-vous ?

T.K : Ce sont deux clubs avec lesquels nous avons d’excellentes relations. Des gymnastes de Boulazac viennent parfois s’entraîner chez nous. Et certains de nos gymnastes vont parfois s’entraîner à Clamart. C’est clairement les deux clubs les plus proches de Franconville en termes d’affinités. Nous apprécions cette bonne camaraderie chaque fois que nous nous rencontrons en compétition. Nous allons vivre ce TOP 12 ensemble davantage qu’en tant qu’adversaires. Nous allons partager cette compétition. S’ils sont meilleurs, ils sont meilleurs, mais si on arrive à tirer notre épingle du jeu, tant mieux ! Même si, objectivement, Clamart sera une équipe difficile à battre car ils n’ont pas de points faibles. Et Boulazac sera très solide. Quoi qu’il en soit, il y aura du spectacle et c’est le plus important.

A.B : C’est un tirage bien sympathique. Clamart est le grand favori de la poule. Nous sommes deuxièmes sur le papier. Mais l’équipe de Boulazac avait été affaiblie l’année dernière par les blessures et récupère ses forces majeures cette année. Certains sont d’ailleurs des amis avec lesquels je me suis déjà entrainé. Dans cette poule, nous allons sans doute avoir une position de challengers qui nous convient bien.

Quel est l’objectif de Franconville dans cette saison TOP 12 ?

T.K : L’objectif est d’assurer la deuxième place de la poule et de gagner le maximum de duels pour se maintenir. C’est difficile de fixer un objectif de place. Nous n’avons pas tellement de visibilité étant donné que nous n’aurons plus le système de points FIG. Il faut absolument éviter la 11eme et la 12eme place.

A.B : Nous n’avons pas la prétention de jouer le haut de tableau mais nous voulons gagner le maximum de duels et nous maintenir. Nous jouerons cependant notre chance à fond et nous n’irons pas en nous cachant. On n’est pas les meilleurs sur le papier mais il faut se dire qu’aucun duel n’est perdu d’avance. La part de stratégie peut redistribuer les cartes.   

Quels sont les atouts de l’équipe de Franconville ?

T.K : L’atout c’est le collectif. J’ai la chance d’avoir 17 gymnastes sur la liste dont le renfort de quelques gymnastes russes. J’ai donc presque deux équipes qui pourraient être performantes en TOP 12. J’ai un collectif de gymnastes très homogènes qui se complètent bien. La force de l’équipe, c’est que les remplaçants sur chaque agrès seront quasiment aussi fort que les titulaires. Je vais pouvoir faire tourner un peu mon effectif sans mettre en péril le gain de certains duels. Nous approchons les compétitions avec un certain plaisir mais aussi de la rigueur pour limiter les écarts en termes de performance. Dans ces conditions, tout le monde est plus libéré car on sait que même si l’un fait une erreur, le collectif assurera derrière.

A.B : Nous avons un noyau dans l’équipe, nous nous connaissons depuis 10 ou 15 ans et avons l’habitude d’évoluer ensemble, c’est notre force. Nous sommes majoritairement des gyms de club et nous sommes partis de tout en bas et nous avons construit ensemble cette équipe. Nous progressons chaque année grâce à notre esprit d’équipe. On se tire vraiment tous vers le haut. On se voit tout le temps, on est camarades d’entraînement, on est collègues, on est amis. Comme le dit souvent Thierry, « le tout est plus fort que la somme des parties », c’est un peu notre mode de fonctionnement au club. Sur le papier, nous sommes moins forts que beaucoup d’équipes, mais quand nous sommes tous ensemble, nous sommes capables de faire des résultats. Nous finissons 6eme du TOP 12 l’année dernière.

Les gymnastes ont entamé leur préparation ?

T.K : Oui nous avons fait un rassemblement, et nous en faisons un nouveau le 29 octobre où nous allons simuler cette formule du TOP 12. Je vais faire deux équipes qui s’affronteront. Et chacun essayera de trouver sa place et verra comment se préparer à une situation de duel.

A.B : Pour nous, gymnastes de club, le TOP 12 commence tôt dans la saison, nous devons changer nos habitudes de préparation par rapport à une saison classique. Nous avons effectué un gros travail physique à la rentrée. Nous arrivons à un niveau intéressant. Nos premiers tests ont été plutôt concluants.

Jouer à domicile deux fois, c’est un atout ?

T.K : C’est vrai que c’est bien d’aller à Boulazac et à Clamart et de voir comment ils organisent les compétitions, on progresse grâce à eux. Mais jouer à domicile et proposer un vrai spectacle, cela va donner envie aux plus jeunes de notre club de faire de la compétition et d’aller plus haut. C’est un peu la devise de Franconville. On veut donner envie à des futurs champions de prendre la place des gymnastes TOP 12. Ces matchs représentent à la fois une vitrine mais également une récompense pour le travail de tous, les dirigeants, les entraineurs, les gymnastes. Si les garçons sont en TOP 12, c’est aussi parce que les autres sections sont dynamiques et nous donnent envie d’aller plus haut. Nous organisons les 50 ans de l’Albonaise le 26 novembre. C’est donc deux défis qui s’annoncent et nous comptons réussir les deux. La saison commence fort.  

A.B : Oui, en plus, nous jouons notre premier match à l’extérieur. Boulazac fait le « crash test » lors de la première journée. On pourra prendre le bon pour le reproduire à domicile. Il faut travailler main dans la main, clubs et Fédération pour développer un intérêt pour notre sport et pour la compétition TOP 12.