Danny Pinheiro-Rodrigues annonce sa retraite internationale

Depuis sa première sélection senior sous les couleurs tricolores en 2005, il a fait les beaux jours de l’équipe de France de Gymnastique Artistique Masculine pendant plus de 12 ans. Avec 2 participations olympiques, 3 championnats du monde, 5 championnats d’Europe et d’innombrables championnats de France, Danny Pinheiro-Rodrigues, 32 ans, a annoncé qu’il prenait sa retraite internationale pour désormais se consacrer à son métier d’entraîneur. Une décision difficile à prendre pour le gymnaste normand qui revient sur cette carrière au plus haut niveau international où il remporta deux médailles européennes à son agrès fort, les anneaux, laissant même son nom à un élément qu’il a été le premier à réaliser. Entretien.

Danny, pourquoi cette décision ?

C’était le moment d’arrêter. Physiquement cela commencerait à être un peu dur. Après les championnats d’Europe (en 2017 à Cluj-Napoca), j’ai vu que le niveau augmentait tandis que le mien s’était stabilisé. Je n’arrive plus réellement à progresser. L’objectif était de disputer les championnats du monde (en 2017 à Montréal) mais j’ai commencé à avoir des douleurs à l’épaule, je savais que je ne pourrais donc pas m’entraîner assez pour me qualifier. Repartir sur un nouveau cycle aurait été compliqué pour moi. Cela n’a pas été une décision facile à prendre. Mais aujourd’hui, le collectif France est de plus en plus jeune. Il y a du renouveau. Il faut laisser la place à ces jeunes. 

Te souviens-tu de ta première sélection en équipe de France senior ?

Oui bien-sûr, elle remonte à 2005. C’était l’étape de coupe du monde de Paris, les Internationaux de France à Bercy. Cette première sélection Senior en France, à Bercy, a eu goût particulier, je devais ensuite disputer mes premiers championnats d’Europe. L’histoire avec l’équipe de France senior a commencé ici, championnats d’Europe, championnats du monde, Jeux Olympiques…

Quels sont tes plus beaux souvenirs en Equipe de France ?

Chaque compétition a été importante. Mais je retiendrais surtout mes deux médailles de bronze aux anneaux, la première à Lausanne en 2008 qui a été particulièrement importante car elle était synonyme de qualification olympique. J’étais très jeune et je n’ai pas vraiment mesuré l’importance de ce résultat à l’époque. Celle de 2013 a été très belle car inattendue. C’était une surprise pour moi de remonter sur un podium européen. Je retiendrais aussi les participations olympiques et notamment Rio, même si je savais que je ne jouais pas une médaille sur ces Jeux. Participer à nouveau à une finale olympique pour mes derniers jeux, ce fut énormément de plaisir. Cette finale a été un très beau moment. Du haut de mes 31 ans, je l’ai encore plus savourée. On peut aussi parler des déceptions...

Bien-sûr…

J’ai manqué le coche aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, en finale, je fais une mauvaise réception, un très grand pas à la sortie et je me retrouve 5ème à un dixième du podium. Cette déception a été très dure à vivre. Heureusement, la médaille de Thomas (Bouhail), lors de ces mêmes Jeux m’a redonnée le sourire. Puis en 2009, je termine 2ème des qualifications lors des championnats du monde avec une sortie simple. En finale, je joue le tout pour le tout en sortie pour aller chercher l’or et j’arrive sur le ventre. Ces deux moments ont été très difficiles dans ma carrière car l’enjeu était important et je jouais gros. J’ai eu de bons résultats mais ces finales auraient pu m’inscrire parmi les grands de la Gymnastique.

Ton « Rodrigues » est inscrit dans l’histoire de la Gymnastique.

J’espère que cet élément, l’hirondelle inversée sans phase d’appui, restera le plus longtemps possible inscrit dans le code de pointage. En 2008, j’en avais trois mais deux ont disparu car il n’y a plus de liaison dans le code.

Quels sont tes nouveaux défis ?

J’ai commencé à entraîner en septembre à La Sottevillaise. Je m’occupe des espoirs avec Romain Lecoq. Entraîner c’est mon objectif depuis que je suis gamin. Tout de suite, j’ai accroché avec ce métier et ce groupe qui a un niveau vraiment intéressant. Je travaille également avec Cameron-Lie (Bernard) l’après-midi. J’arrête l’équipe de France mais je continuerai à matcher pour le club, comme Arnaud (Willig). C’est important de maintenir l’équipe au plus haut niveau français et les jeunes sont encore un peu tendres pour nous remplacer complètement (rires). Nous participerons donc aux rencontres Top 12 tant que le club en aura besoin !

Et dans 10 ans ?

Je ne préfère pas me projeter trop dans le futur. J’évolue étape par étape. Entrainer à Sotteville, faire de notre structure un centre régional qui fonctionne bien et pourquoi pas ensuite intégrer un pôle. Je vais continuer à me former afin d’entraîner plus tard au plus haut niveau. 

Un conseil pour les jeunes gymnastes ?

Je souhaite bon courage aux jeunes générations de gymnastes, qu’elles saisissent les opportunités de rentrer en équipe de France pour participer à de grands championnats et aller chercher des médailles et notamment pour les Jeux Olympiques de 2020 et 2024. Je leur souhaite de représenter leur pays et de vivre ces moments intenses. Et peut être qu’un jour, nous aurons cette petite médaille par équipe que je n’ai pas pu avoir. Le collectif, c’est le plus important.

Danny, as-tu un petit mot à ajouter ?

Je tiens à remercier la Fédération qui m’a soutenu tout au long de ma carrière. Je remercie aussi mon club de La Sottevillaise où je suis licencié depuis 1995, le pôle de l’INSEP et tous les entraineurs que j’ai pu côtoyer. Je pense à Laurent Guelzec qui m’a formé et suivi dans toute la première partie de ma carrière. Puis Frantz Gaillard à qui je dois beaucoup. Depuis 2012, il a réussi à me motiver au quotidien et m’a permis de vivre encore d’autres moments d’exception.