GR - Génération 2024 : Portrait de Lily Ramonatxo

À l'occasion de l'avant-dernière étape de coupe du monde de gymnastique rythmique, nous sommes partis à la rencontre des 3 gymnastes qui ont été retenues en mars dernier pour les 3 premières étapes de la saison. Après Hélène Karbanov (Pôle de Calais / Calais GRS) hier, nous découvrons le portrait de Lily Ramonatxo (Pôle de Montpellier / Montpellier 3M GRS) qui participe à sa première étape de coupe du monde senior ce week-end à Bakou avec la première nommée. Demain, nous découvrons le portrait de Maëlle Millet (Pôle de Montpellier / L'envol Saint-Gaudinois) qui avait participé à la première étape de la saison.

Pour commencer, comment as-tu commencé la gymnastique rythmique et comment es-tu rentrée en pôle ?

J’ai commencé la gym à 8 ans au club de Montpellier où je suis toujours licenciée. Je suis allée voir les championnats du monde en 2011 à l’Arena de Montpellier avec ma cousine qui en faisait déjà. J’ai adoré et j’ai trouvé ce sport sublime. J’ai donc fait un stage d’été au club de Montpellier et j’ai tout de suite dit à ma mère : « c’est ce sport que je veux faire ! ». C’est au cours de ce même stage que mon entraîneur actuel, Alexandra Konova, m’a repérée. J’ai d’abord fait quelques années avec un autre entraîneur du club, Sandrine. Ensuite, quand je suis rentrée en 6e, je suis arrivée en pré-pôle avec mon entraîneur actuel. Aujourd’hui, je fais environ 31 à 32 heures d’entraînement par semaine. Chaque jour est un peu différent, le lundi par exemple, j’ai cours de français de 8h à 10h, ensuite c’est entraînement de 10h30 jusqu’à 17 ou 18h avec une pause d’une heure pour manger. Le mardi, j’ai GR le matin, et cours l’après-midi. Mon planning dépend vraiment des jours. J’ai quelques cours spécifiques au CNED, mais sinon je suis les cours au lycée, en classe de première. Et ça va, ça se passe bien et comme je rentre tous les soirs chez mes parents, ils suivent ma scolarité et ma mère m’aide beaucoup, en maths par exemple.

Est-ce que tu te souviens de ta première compétition avec l’équipe de France ?

C’était le tournoi de Corbeil-Essonnes en 2018. J’étais hyper contente d’être sélectionnée pour la première fois, c’est un moment que j’attendais. Maëlle était déjà en Equipe de France et je voulais faire comme elle, donc j’étais hyper contente.

Ensuite tu as participé aux premiers championnats du monde juniors, comment as-tu vécu cette expérience inédite ?

Les installations étaient superbes. J’ai beaucoup aimé l’ambiance. Tout était magnifique. La salle scintillait de partout. On avait presque un praticable par nation. On était dans le « luxe » des plus grandes compétitions internationales, donc ça m’a rendue vraiment fière d’y participer. C’était très enrichissant, même si sportivement, j’ai été déçue de mon passage, je retiens seulement le positif parce que cette expérience m’a vraiment beaucoup apportée. En plus, ma sœur et ma mère étaient là en plus et on a eu le temps de visiter, donc c’était super.

La saison suivante a été très différente avec le confinement et l’annulation et le report des compétitions, comment tu l'as vécu ?

On a réussi à garder le lien avec les entraîneurs pour continuer à s’entraîner. On a vu de nouvelles choses qu’on n’aurait jamais apprises sans ce confinement, des nouvelles difficultés par exemple, qu’aujourd’hui, je suis capable de réaliser. Après, c’était un peu compliqué de voir les compétitions s’annuler les unes après les autres. Et je m’étais préparée psychologiquement à ce que les championnats d’Europe junior, qui était mon objectif principal cette saison-là, n’aient pas lieu. J’ai beaucoup relativisé en me disant : « ce n’est pas grave, ça va me laisser plus de temps pour travailler, pour me préparer à mon arrivée chez les seniors ». Et quand on a repris, on était toutes motivées même si ce n’était pas évident d’être dans l’attente, on est restées mobilisées. Une petite partie de moi voulait toujours croire que les championnats d’Europe auraient lieu et au final, ils ont vraiment eu lieu.

Justement, est ce que tu peux revenir sur ton expérience lors de ces championnats d’Europe un peu particuliers ?

C’était un très bel événement, même sans public. Même si je ne me qualifie pas pour la finale au ruban, je suis très contente du reste de ma compétition. J’ai pris en maturité et j’ai appris à prendre les choses comme elles viennent, engin après engin, à me remobiliser et oublier ce qu’il s’est passé avant. Surtout que maintenant, on a des finales pour chaque engin, du coup, on a quelque chose a joué sur chaque passage. J’ai quand même pu faire des finales, et un sans chute sur la corde et les massues. C’est une chance d’avoir participé à ces finales avec les meilleures juniores. J’étais très fière. Et j’ai pu finir ma dernière saison juniore sur quelque chose de concret et de me dire que je n’avais pas fait tous ces tournois, tests et préparation pour « rien ». Même si je savais que tout le travail accompli n’était pas perdu, ces championnats d’Europe m’ont vraiment permis de clôturer cette page « juniore » en apothéose.

Revenons maintenant sur cette nouvelle saison et notamment sur les étapes du chemin de sélection qui t'ont permis d’être retenue pour représenter la France lors de l'étape de coupe du mode de Bakou. Comment se sont passés la revue d’effectif en janvier et le dernier test à l’INSEP ?

Je n’étais pas très contente de ma performance à la revue. J’étais déçue de mon passage aux massues. Avant le ruban, je me répétais que ce passage pouvait m’offrir une médaille, qu’il pouvait me sauver. Je me suis battue jusqu’au bout. J’espérais qu’on appelle mon nom sur le podium, donc quand j’ai été appelée à la 3e place, j’étais super contente d’avoir une médaille surtout pour ma première année en senior alors que je pensais que les autres avaient mieux réussi. À l’INSEP, j’ai mieux réussi qu’à la revue d’effectif, même s’il restait des imperfections. Au ballon, j’étais déçue d’un élément en particulier, mais le reste du passage était correct. En revanche, je suis très déçue de mon passage aux massues où j’ai fait deux chutes. Mais j’ai su me remobiliser avant le dernier passage au ruban, je savais que tout pouvait se jouer là-dessus comme à la revue d’effectif. J’ai fait un très bon ruban, j’ai réussi à intégrer mes nouveaux éléments sur lesquels j’avais un peu de mal à l’entraînement et j’ai obtenu 20.600. J’étais vraiment fière de cette note et de cette performance. Mon entraîneur m’a dit « bravo » et ça veut tout dire. Quand on m’a annoncé que j’étais 2e, j’étais vraiment hyper contente, je m’attendais à ce qu’Hélène soit première au vu de ses prestations du jour, mais j’étais très contente d’être 2e et je pense que même avec le masque, ça se voyait dans mes yeux ! Parce que même si je veux toujours gagner, je me fixe toujours des objectifs très ambitieux et je peux relativiser si je ne les atteints pas. Et là, j’ai réussi à accrocher une deuxième place. Je ne m’attendais pas à de tels résultats pour une première en senior.

Comment tu as géré le changement d’engin ?

Ça a été un peu dur, parce que le cerceau ça ne marchait pas trop. La transition a été un peu compliquée, il faut mettre des difficultés en plus, il faut gagner en maitrise, Maelle a côté réussissait ses enchainements et avait des points élevés, ça a été dur, mais maintenant ça va mieux et je suis très contente.

Comment construis-tu tes enchaînements ?

Pour la musique, on travaille ensemble avec notre entraîneur, on soumet nos propositions. C’est toujours l’entraîneur qui valide à la fin, mais il faut que ça plaise aux deux. Pour les compositions, c’est pareil, on essaye, on voit ce que ça donne. Quand on n’est pas en musique, on discute de ce qu’on pourrait enlever ou rajouter. On communique beaucoup avec les entraîneurs. Parfois même, on peut laisser des blancs pour pouvoir étudier ces passages avec des chorégraphes que l'on fait venir. J’ai développé mon style en grandissant, je voyais que ça m’allait bien et je m’amusais à le faire et mon entraîneur a aussi mis en place des compositions qui me correspondaient, ce qui a permis de montrer encore plus mon originalité et mon expression à moi. Elle a réussi à faire ressortir ma personnalité plutôt que de le cacher. Le plus important pour moi, c'est d’exprimer le plaisir que j'ai en faisant mes compositions.

Un élément chorégraphique a plutôt marqué : le saut papillon et le costal aux massues, qui ont beaucoup fait parler sur les réseaux sociaux, pourquoi les avoir intégré dans tes enchaînements ?

Je les appris avec Vadim, un Russe qui était venu et qui nous avait appris beaucoup de choses, mais cela doit bien remonter à 3 ans. Mais c’est seulement en senior qu’on a choisi de l’intégrer a mon mouvement, parce que ça ne rapporte pas tant de points que ça, mais c’est surtout un élément original que je maîtrise bien. En juniors comme les mouvements ne sont composés que de 7 éléments, je devais privilégier les grosses difficultés, c’est pour cela que je n’ai intégré cet élément qu’en arrivant en senior.

Comme as-tu préparé ta première étape de coupe du monde senior qui aura lieu ce week-end ?

On a un peu augmenté les entraînements et les exigences pour être prêts pour la compétition. Avant, je devais présenter 2 mouvements sans chute par engin et par entraînement, maintenant, ce sont 3. Et puis comme Maëlle aussi participait à une étape de coupe du monde, on a pu se préparer ensemble sans que l’on soit en concurrence, même s’il n’y a jamais eu de « rivalité » entre nous, parce qu’on ne participait pas à la même épreuve. Chacune voit l’autre se préparer pour une compétition, et ça donne juste envie de bosser à fond pour être prête pour sa propre compétition.

Quels sont tes objectifs pour cette étape de coupe du monde ?

J’espère réussir mes 4 passages et être fière de moi. Et puis essayer de me faire remarquer auprès des juges, qu’ils puissent se dire « ah ça y est, la nouvelle génération française arrive », essayer de se faire connaître, de faire son trou. Même si grâce à mes finales aux championnats d’Europe juniors, j’ai un peu commencé ce travail, je ne sais pas si on s’attend à me retrouver en senior.

Et dans les prochains mois et années, quels sont tes objectifs ?

J’aimerais être plus à l’aise au ballon. En ce qui concerne le contenu, bien sûr, je veux l’augmenter, mais comme le nouveau code va arriver, on ne sait pas encore quels vont être les axes de travail et quelles difficultés il faudra ajouter. J’aimerais participer aux championnats du monde senior en octobre, et évidemment, je rêve de faire les Jeux de 2024 à Paris qui seraient une consécration.