PK - FISE Montpellier - Retour sur l'édition 2023

La 26e édition du FISE de Montpellier touche à sa fin. Charles PERRIERE, co-fondateur du parkour, et Président de la commission parkour à la Fédération Internationale de Gymnastique, revient sur cette étape de coupe du monde FIG et des perspectives d'évolution de la discipline.

L’édition 2023 du FISE s’achève avec une annulation des finales à cause de la pluie, décision logique ?

C’est une décision qui correspond à nos règles de compétition, qui prend en compte l’aspect sécuritaire, une priorité pour nous en tant qu’organisateur. On est tout autant déçus que les athlètes de ne pas être allés jusqu’au bout. C’était cependant la meilleure décision et la plus sage. C’est une étape de coupe du monde, il y en aura une autre dans 3 mois (Sofia), et on en espère une autre en fin d’année (Japon ?).

Que retenir du week-end sur le plan sportif ?

Le Field of Play (FOP) a été réaménagé d’une façon différente. On a zoné la partie freestyle alors que les athlètes devaient avant parcourir tout le FOP (40m), ce qui était vraiment très exigent. On leur a dédié ici une zone plus restreinte, donc les performances étaient plus esthétiques. Mon idée était de leur permettre de performer à leur plus haut niveau, sans être trop exténués. Le freestyle est une discipline très épuisante physiquement. On a privilégié la qualité sur cette édition du FISE.

Des scores impressionnants avec Ella BUCIO (27pts) et Elis TORHALL (28pts)…

Les traceurs ont à l’unanimité dit que c’était le meilleur setup pratiqué depuis le lancement des coupes du monde. Je suis content car nous avons passé beaucoup de temps à écouter leurs attentes, se mettre à leur place et à créer des challenges pour leur donner des moyens d’expression qu’ils attendaient depuis longtemps.

Un FOP très difficile cette année…

Cette année nous avions la contrainte d’avoir ce même setup pour deux disciplines différentes. Ce qui rend la partie speed encore plus difficile, c’est l’intégration d’un carré freestyle au centre avec des modules d’une certaine hauteur qui sont implantés. Ce qui fait que lorsque vous vous retrouvez sur cette ligne en speed vous avez des grands murs à franchir. Cette nouvelle approche avec une mise en avant du freestyle qui rend le speed plus difficile, est super intéressante. Je pensais qu’ils allaient me détester, mais ils étaient au contraire contents car c’était un super challenge pour eux. Pour moi c’est une réussite, c’est le but, on le fait pour qu’ils s’éclatent.

De nouvelles perspectives ?

Je pense que le parkour est en train de vraiment prendre de l’ampleur. On a des traceurs qui sont revenus dans le circuit, il y a du haut niveau. On sent que ces pratiquants deviennent des athlètes et s’entrainent comme des athlètes, le sport est en train d’exploser. Nous, en tant que Fédération internationale de gymnastique, avec nos partenaires comme la FFGym et Hurricane on doit réfléchir à faire évoluer les conditions de pratique au moins au niveau des compétitions. Par exemple ici, l’aire de compétition n’était pas suffisamment grande. Il aurait fallu ajouter quelques mètres en largeur pour l’aspect sécuritaire, que les traceurs puissent s’expriment au maximum de leurs capacités, également pour que la télé puisse poser ses caméras pour une mise en valeur de la discipline.  

Un public très nombreux cette année, le parkour prend une nouvelle dimension.

Ça me booste, ce qui me motive est de voir cette nouvelle génération d’athlètes qui prend la relève et crée de nouvelles choses. Par exemple, Cédric Rocher, repéré sur le circuit national, que j’ai vu sur l’étape de Rouen, a des qualités athlétiques très présentes. Il n’est qu’au début de sa carrière, il va progresser énormément dans les prochaines années.  Le voir parcourir avec des pros, avec les résultats qu’il a obtenus, c’est quelque chose, ça me motive à aller de l’avant et à leur donner des objectifs. La compétition est une belle vitrine car il faut encore convaincre beaucoup de monde - des acteurs du monde du sport, mais aussi le public lambda - que ce n’est pas un sport dangereux en soi, et comme dans tout sport il y a des accidents. Mais derrière tout ça il y a une pédagogie, c’est encadré, il y a des clubs. Il y a plein de messages que véhiculent ces compétitions, qui moi m’aident à développer cette discipline. Ces compétitions nous permettent aussi de créer des ambassadeurs de la discipline à l’international, ils sont suivis par des milliers de followers du monde entier, c’est chouette, c’est motivant. Ça me motive à me dépasser pour eux.

Et la mise en place du circuit national dans tout ça ?

Toutes les actions qui favorisent le développement du parkour sont bonnes quand elles sont encadrées et bien gérées. Le circuit national a donné une dynamique. Dans mon club, depuis la création du circuit, il y a des athlètes qui se sont dit « pourquoi ne pas m’essayer à la compétition ? ». Ils sont venus, ils ont fait des résultats, ça a donc donné envie aux autres de venir et de s’entrainer pour pouvoir participer à ces étapes. Ça crée une filière qui se développe, il faut continuer. On a des talents en France, de bons entraîneurs, de bonnes structures, et tout ce qu’il faut pour briller sur la scène internationale au niveau du parkour.