GAM/GAF - CM 2022 - Kevinn Rabaud, DTN, revient sur les championnats du monde 2022

Kevinn Rabaud, Directeur Technique National, dresse le bilan de ces championnats du monde 2022.

Quel bilan tirez-vous de la compétition des filles ?

Je tiens à relativiser le sentiment de déception qui peut y avoir par rapport au concours par équipe. Nous étions venus chercher une qualification mondiale et nous l’avons obtenue. On avait un certain nombre d’inconnues, dont l’état de forme de Mélanie qui faisait sa première compétition mondiale sur les 4 agrès. Ce qu’on a pu voir est rassurant. C’est un beau potentiel pour l’avenir : elle est toujours parmi les meilleures mondiales. Nous avions également des incertitudes par rapport à des athlètes. Dans un contexte très difficile, le staff a été excellent afin d’accompagner les gymnastes dans la performance. Cette qualification directe pour les championnats du monde 2023, remplis l’objectif. Même si nous avons une petite déception sur la finale par équipe. Elles se sont battues et ont montré des qualités de solidarité et de combativité pour aller chercher leurs qualifications et des résultats lors des prochaines échéances et lors des Jeux olympiques. Nous sommes dans l’objectif. Nous avons tendance à beaucoup attendre de cette magnifique équipe, mais dans ce moment du cycle il faut retenir que l’objectif est rempli. 

En quoi ce Mondial est-il un point d’étape sur la route des JO de Paris 2024 ?

Cette compétition sera fondatrice pour le retour de l’équipe vers les Jeux. Nous construisons l’avenir. Mélanie va retravailler de nouveaux contenus et va retrouver rapidement le top mondial ainsi que toutes ses collègues de l’équipe. Nous aurons ainsi à nouveau une équipe extrêmement forte et des opportunités de médailles. Nous avons la chance d’avoir trois généralistes en capacité de se qualifier sur une finale mondiale, c’est un point fort pour l’équipe en sachant qu’elles seront encore meilleures demain. En sachant aussi que d’autres gymnastes françaises ont la capacité d’intégrer cette équipe, notamment Morgane qui a fait un travail remarquable en tant que remplaçante. On doit continuer à travailler, mais nous savons où nous allons. Coline et Marine ont eu une préparation irréprochable. Elles méritent amplement leur finale. J’aurais apprécié que Marine rejoigne Coline dans les médaillées mondiales, mais c’est de très bon augure pour les Jeux. C’est le signe que la gymnastique française produit de la performance mondiale. Elles ont encore une marge de progression que nous allons accompagner. 

Que vous inspire la performance de Coline Devillard ?

La médaille de Coline est le fruit de son travail et d’un process respecté et aussi d’un réel investissement. Elle a une approche de la compétition professionnelle et elle est animée par le plaisir. C’est une belle médaille pour elle qui réagit sur l’ensemble du collectif et de la fédération. 

Peut-on revenir sur la situation de Carolann Héduit ?

Carolann a vécu, je pense, une compétition difficile. Elle n’est pas arrivée prête pour cette compétition. Différents éléments peuvent l’expliquer notamment la situation qui a été créée autour d’elle, également à cause d’un retard de préparation technique important. Le staff de l’équipe de France, avec un programme spécifique, a fait en sorte de la recalibrer afin qu’elle exprime son potentiel du moment qui n’est pas son meilleur potentiel, ce que je trouve malheureux. Il est nécessaire de rapidement trouver une solution. Carolann a pleinement sa place dans cette équipe et vit très bien avec ses coéquipières. Elle mérite bien mieux que des polémiques. 

 

Quel bilan tirez-vous de la compétition des garçons ?

C’est une déception compte tenu de ce qu’ils avaient présenté lors des championnats d’Europe. Nous sommes déçus. Ils sont déçus et l’ont partagé. Ils ne comprennent pas encore aujourd’hui les raisons de cet échec. Nous allons continuer à l’analyser, mais leur potentiel est avéré. Ils étaient prêts pour cette compétition. C’est une équipe inexpérimentée à ce niveau, ce qui peut être une explication. Ils sont déterminés et confiants dans leur potentiel et ne veulent pas revivre cette situation. C’est un premier pas essentiel sur la voie de la réussite. Nous avons identifié des points de progrès depuis longtemps. Nous devons progresser sur les notes de difficultés tout en gardant une belle exécution. Nous avons de bons gymnastes qui forment une véritable équipe de France dans la réussite ou la difficulté. Ils vont rebondir. Ils sont prêts à assumer une charge de travail nécessaire pour aller chercher la qualification olympique. Leur objectif principal, c’est l’équipe. 

Benjamin Osberger est-il devenu une référence pour l’équipe ?

Benjamin est un véritable talent et il a fourni beaucoup de travail. Je regrette qu’il n’ait pas pu exprimer totalement son potentiel aux arçons. La qualité de sa gym lui permet, malgré une note de difficulté inférieure, de prétendre à un podium mondial. Même si aujourd’hui il a dû mal à digérer sa 4e place il est déjà projeté vers demain. Il sait ce qu’il doit rajouter pour monter sur le podium. Il s’impose comme un leader technique de cette équipe.

Quel est le programme des équipes jusqu’aux championnats du monde 2023 et la qualification olympique ? 

L’année prochaine sera une année consacrée au travail avec un championnat d’Europe en avril et des championnats du monde en octobre. Cette année 2022 était particulièrement longue. Nous avons devant nous plusieurs mois pour travailler. Les championnats d’Europe seront envisagés différemment entre les garçons et les filles. En effet, les filles sont déjà qualifiées pour les championnats du monde et se serviront des Europe comme épreuve de préparation. En revanche, les garçons devront figurer dans les 13 meilleures équipes (hors équipes européennes déjà qualifiées) pour participer aux championnats du monde 2023 qualificatifs pour les Jeux.