GAF - Alizée Letrange-Mouakit : « C'est le bon moment pour moi d'arrêter. »

Originaire du Grand-Est, Alizée Letrange-Mouakit, passée par le pôle de Dijon puis de Saint-Étienne, décide de mettre fin à sa carrière. Elle avait participé aux championnats d’Europe junior 2018 et était en route pour la préparation des Jeux de Tokyo avant de se blesser au niveau du pied. Peu épargnée par les blessures, la jeune femme restera au pôle jusqu’à la fin de la saison pour terminer ces études et matcher avec son club. Elle revient sur cette décision et ses années au sein du collectif France.

Pourquoi as-tu décidé de mettre fin à ta carrière ?

Les deux, trois dernières années ont été compliquées. Je me suis cassée le pied en 2021 juste avant la préparation des Jeux olympiques de Tokyo et j'ai eu du mal à m’en remettre. Cette blessure a pris plus de temps que je ne pensais et que ne pensaient mes entraîneurs et le staff. À chaque reprise, je finissais par me blesser à nouveau. Je me suis cassée le pied trois fois de suite. Donc, petit à petit, je devais décaler mon retour à la compétition, je m'éloignais des stages France et ma motivation baissait. J’en suis arrivée à ne plus du tout avoir envie de venir à l'entraînement. Je n'avais plus de motivation et je me suis toujours dit que sans motivation ça ne servait à rien de continuer. Je ne me voyais plus réaliser les attentes qu'on avait de moi. Et même s'il me restait des objectifs, un jour, je me voyais les atteindre et le lendemain, je me disais que c'était impossible. Finalement, cette idée a pris le dessus et dans ma tête, je savais que c'était fini.

Tu étais pourtant revenue à la compétition l’an passé ?

Oui, je suis revenue à la compétition l'année dernière lors des championnats de France avec mon club. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas fait de compétition. Je n’étais pas encore revenue à mon plus haut niveau, mais oui j’avais réussi à revenir et c'était cool le temps de la compétition. Mais peu de temps après, je me suis à nouveau blessée. J'ai repris la saison en juillet/août comme tout le monde, je revenais bien et tout allait bien. Cependant, avant la revue l'effectif, j’ai commencé à me poser beaucoup de questions, à avoir de moins en moins de motivation. À l'entraînement, ça allait de moins en moins bien. J'arrivais à faire de moins en moins de choses. Deux semaines après la revue, j'aurais dû faire une compétition en Belgique, mais j'ai dû déclarer forfait parce que ça n’allait vraiment plus à l'entraînement. À partir de ce moment-là, j'ai commencé à en parler à mon entourage, à une psychologue et avec mes amis. J'ai eu différents entretiens notamment avec la fédération et le pôle. Ils ont toujours essayé de me comprendre et de trouver la meilleure solution. Ils m'ont laissé du temps pour réfléchir, mais à chaque fois, j’arrivais à la même conclusion. J'ai souvent pensé à arrêter dans ma carrière, mais j'arrivais toujours à retrouver de la motivation mais là, je sentais que c'était différent. C'est le bon moment pour moi d'arrêter.

Es-tu toujours à Saint-Etienne ?

Oui, je suis toujours à Saint-Étienne. Je reste au pôle jusqu'à la fin de l'année pour finir mes études et finir la saison avec mon club en DN1. Ma dernière compétition sera donc le 4 juin lors du championnat de France par équipe. Après cette compétition, j'arrêterai la gym, j'en ai besoin. Mais même si un moment donné, j’ai détesté la gym ça reste une partie de moi et je ne peux pas fermer définitivement les portes à ce sport. J'ai juste tellement donné pendant 8 ans que j'ai besoin de prendre du recul. Je finirai peut-être par reprendre ou pas, mais pour le moment, je préfère me concentrer sur mes études.

Quelles études souhaites-tu faire ?

En ce moment, je suis en deuxième année de terminale parce que j'ai fait le choix avec le pôle de faire ma terminale sur 2 ans pour avoir le temps de travailler à l'école et de travailler à la gym. Donc cette année, je termine ma terminale et l'année prochaine, j'envisage des études, soit d'architecture soit de commerce international/marketing. Aujourd’hui, je fais mes choix pour les écoles sur Parcoursup. J'aimerais vraiment pouvoir intégrer une école d'architecture près de Saint-Étienne.

Que retiendras-tu de tes années de gymnastique ?

Le sport de haut niveau ce n'est pas donné à tout le monde mais c'est une expérience que je souhaite à tout le monde de pouvoir vivre. J'ai rencontré beaucoup de gens avec qui j'ai pu créer des liens très forts. Je suis partie de chez moi tôt donc je me suis adaptée plus tôt que certaines personnes et je pense que ce n’est pas plus mal parce que ça forge le caractère et ça m'a permis de devenir plus mature. Aujourd'hui, il y a des expériences que j'ai moins de mal à faire que certaines personnes de mon âge grâce à ça.

Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Les championnats d'Europe, c'est vraiment l'événement que je retiens dans ma carrière parce que c'était ma première grande compétition, c'est vraiment un bon moment pour moi. Je n'oublierai pas non plus mes titres de championne de France, parce que ce n’est pas rien. Et en réalité, toutes les compétitions que j'ai pu faire en équipe de France resteront de bons souvenirs parce que je suis contente d'avoir pu représenter mon pays. Je suis contente de ce que j'ai accompli. Je suis contente qu'on ait eu confiance en moi et qu'on m’ait donné cette chance.

Quelles sont les personnes que tu souhaites remercier ?

Merci à tous les entraîneurs qui m'ont soutenue et accompagnée, depuis mon premier club à mon club actuel, mes entraîneurs de Pôle, à Dijon Nadia Massé et à Saint-Étienne, Éric Hagard, Monique Hagard, Marie-Angéline Colson, et même Julien Kerninon qui a pu m'entraîner quelques fois. Je remercie aussi la Fédération qui a pris le temps de toujours essayer de trouver la meilleure solution pour moi. Je remercie aussi le staff médical, ma famille, mes amis et toutes les personnes qui m'ont soutenue tout au long de ma carrière.