GR - Blessée, Elisabeth Rachid met un terme à sa carrière

Membre de l’Ensemble France depuis 2016 et sélectionnée pour les championnats d’Europe 2020, Élisabeth Rachid ne sera finalement pas du voyage en raison d’une blessure survenue peu de temps avant le départ. Un dernier clap de fin qu’elle aurait évidemment souhaité différent. Elle suivra évidemment - à distance - ses coéquipières de toujours lors de ce bel événement.

Élisabeth Rachid, membre de l’Ensemble France de gymnastique rythmique depuis le début du cycle olympique, met en effet un terme à sa carrière. Une décision mûrie depuis plusieurs mois et qui ne devait prendre effet qu’après les championnats d’Europe pour lesquels elle avait obtenu sa sélection. Malheureusement, une blessure survenue il y a quelques jours la contraint à arrêter la gymnastique plus tôt que prévu. « Je me suis blessée en réalisant une souplesse avant à l’entraînement. J’ai d’abord ressenti une douleur au niveau du dos, puis elle est aussi descendue dans la hanche », éclaire la gymnaste. Cette blessure a donc nécessité un contrôle médical à quelques jours du départ de la délégation pour Kiev. « J’ai passé une IRM. Elle a révélé que j’avais du liquide dans la hanche. Les médecins ont d’abord pensé que j’avais simplement une bursite. Je pensais donc pouvoir tenir jusqu’aux championnats d’Europe, jusqu’à ce que mercredi soir, on m’annonce que j’avais finalement une liaison importante du psoas et qu’elle m’empêcherait de réaliser correctement mes mouvements », poursuit-elle. Une nouvelle qui n’est jamais facile à entendre d’autant plus que la gymnaste souhaitait particulièrement terminer sa carrière sur une belle note. « Le jeudi soir, le DTN m’a annoncé qu’au vu des avis médicaux, je ne pourrais pas participer à ces derniers championnats d’Europe. Même si je m’en doutais, c’est dur de l’entendre de vive voix car j’aurais aimé terminer sur une belle compétition », exprime celle qui était encore hier membre de l’Ensemble France. Même si les derniers mois n’avaient pas été évidents elle s’était pourtant donné les moyens d’atteindre cet objectif ultime avant de raccrocher les demi-pointes. « Comme pour beaucoup de sportifs, le retour après le confinement a été compliqué à gérer. On vivait et on vit toujours au jour le jour. On ne savait pas si les Championnats d’Europe seraient organisés, si la qualification olympique serait maintenue, si on allait rentrer che nous avec le confinement national. Ce sont ces souvenirs qui marqueront la fin de ma carrière. Malgré tout, je voulais vraiment aller jusqu’au bout, mais mon corps a dit stop », avoue Élisabeth.

La gymnaste était pourtant prête à participer à ses derniers championnats d’Europe avec l’Ensemble France. « La préparation a été compliquée, mais nous avons travaillé dur et on a réalisé beaucoup de passages sans chutes à lentraînement », explique-t-elle. Même si elle ne sera finalement pas du voyage, Élisabeth Rachid, l’une des leaders du groupe, suivra évidemment le parcours ukrainien de ses coéquipières de toujours. « Je vais suivre la compétition et le parcours des filles à Kiev. Je suis à fond derrière elle. Je sais que cest aussi un coup dur pour elle que je ne sois pas là, mais je leur fais entièrement confiance, je les connais, je connais leurs compétences et je crois vraiment en elles. Elles sont prêtes. Nous n’avons jamais été aussi forte techniquement quaujourdhui. Je serai avec elles jusquau bout. On est une équipe, on a commencé ensemble et on terminera ensemble », confie-t-elle. Après plusieurs années passées au pôle d’Évry à travailler la gymnastique rythmique en individuel, Élisabeth Rachid a intégré l’INSEP et l’Ensemble France en septembre 2016, aux côtés de Camille Ay, Danaé Collard, Hélène Deconninck, Eloïse Marchon, Iliona Prioux et Astrid Rabette, toutes retenues pour constituer le nouvel Ensemble France de ce cycle olympique 2020. À l’exception de la première cité, toutes sont encore membres de cet Ensemble France 2020, avec en plus Chloé Sivadier et plus récemment Célia Joseph-Noël. Les premières nommées représenteront d'ailleurs la France toutes les cinq lors de ces championnats d’Europe 2020.

La gymnaste a d’ailleurs été particulièrement marquée par ces années à l’Institut national du sport, de l'expertise et de la performance. « Je suis très heureuse davoir pu intégrer lINSEP. Même si mes années à lINSEP sont loin davoir été faciles pour moi, elles ont été très enrichissantes. Cest souvent dans la difficulté quon apprend le plus. Je me suis découverte. Jai beaucoup appris, grandi et mûri », exprime Élisabeth, avec beaucoup de sincérité. L’une des plus grosses difficultés a été de conjuguer scolarité et grand nombre d’heures de gymnastique. Elle explique : « On a la chance davoir un très bon suivi au niveau de notre double projet à lINSEP, mais gérer de front un projet sportif et une scolarité reste très compliqué surtout en gymnastique rythmique, parce que notre discipline nous demande beaucoup dheures dentraînement. Souvent, dans lannée avec les filles, on avait des difficultés à réaliser des « sans chutes » en compétition, mais arrivé l’été, dès quon navait plus nos études à gérer et que lon se consacrait uniquement à la gymnastique, on était très performantes et on arrivait prêtes pour les championnats du monde, à part l’année de la qualification qui a été très mouvementée à cause de notre BAC. Avec les filles, on a toujours suivi une scolarité « classique » en tout cas pour des sportives de haut niveau, et on sen est très bien sorties. On a toutes obtenu notre bac et cela fait de nous bien plus que des sportives. »

Élisabeth aime particulièrement découvrir de nouvelles choses et l’INSEP a été un terrain de jeu idéal. « Jai découvert plein de disciplines et de personnes différentes. Je pense dailleurs messayer à plein dautres sports après la GR, comme lathlétisme et les sports de combat, pour vivre la confrontation avec une autre personne, me découvrir et découvrir mes capacités dans dautres sports. Plus jeune, je faisais aussi des échecs. Je me souviens qu’à une période, je faisais les championnats de France dans les deux disciplines, mais un jour, jai dû choisir entre les échecs et la GR, car atteindre un haut niveau dans quelconque domaine demande de s’y consacrer presque pleinement. Les échecs me manquent donc peut être que je vais my remettre aussi », confie Élisabeth. Au-delà de ces rencontres, la jeune femme s'est également investie dans la vie de la structure sportive. « Depuis 2018, je suis représentante des athlètes. Je participe aux conseils dadministration (2 à 3 par an). Jai participé à diverses réunions comme au changement du self de lINSEP ou encore au COP (Contrat Objectif  Performance) pour les Jeux de Paris 2024. Jai même eu loccasion de rencontrer la ministre des Sports lors dun déjeuner. » Ces expériences de vie ont su forger son caractère et l’orienter dans son orientation scolaire et professionnelle. « Grâce à Kevinn Rabaud, le DTN, jai aussi découvert Sciences Po. Je suis ravie davoir pu intégrer ce certificat créé spécifiquement pour les sportifs de haut-niveau après mon bac, lannée de la qualification olympique, même si mener les deux de front na pas été évidemment à gérer. Cest une passerelle très enrichissante qui me plaît énormément » La gymnaste de 19 ans pense d’ailleurs se consacrer à ses études dans les prochains mois pour pourquoi pas travailler dans les relations  internationales par la suite. « Je veux valider mon diplôme. Et comme je parle russe, mais aussi anglais et français. Je pense que cest déun très bon bagage pour travailler dans les relations internationales. »

Bien plus qu’un centre sportif, l’INSEP était donc devenu un vrai lieu de vie, de partage et de rencontre pour la gymnaste native de Paris. « Je suis triste de quitter lINSEP encore plus que la GR, où je pense avoir donné tout ce que javais à donner car le projet de l’équipe me tenait vraiment à cœur. Aujourdhui je laisse la place à la nouvelle génération. Elles ont eu dailleurs la chance, que nous navions pas eu, de vivre une certaine transition avec nous. » En effet, alors que les sept gymnastes retenues en 2016, toutes d’anciennes individuelles, étaient arrivées sans prédécesseurs en place, la nouvelle génération a vécu ses débuts à l’INSEP en présence de l’Ensemble actuel. De plus, certains membres de cet Ensemble poursuivront avec les nouvelles arrivantes qui pourront alors se nourrir de leur expérience. Et même si Élisabeth Rachid se retire de l’Ensemble, elle partagera avec plaisir son expérience. « Je nai jamais vraiment envisagé d’être entraîneur, en tout cas pour le moment, car je veux découvrir de nouvelles choses, mais l’envie de transmettre est tout de même présente donc je donnerai avec plaisir des conseils aux jeunes, peut-être plus sous forme de master classes dans les clubs. »

Heureuse de prendre un nouveau départ, la membre de l’Ensemble France gardera tout de même de beaux souvenirs de ses années GR, dont un en particulier. « Le meilleur souvenir restera évidemment les championnats du monde de 2018, notre meilleure performance. On était plus que contente de terminer 8e mondiale et de se qualifier pour la finale cerceaux. Une finale d’autant plus marquante puisque nous avions décroché notre belle 6e place ! J’avais un profond sentiment de fierté ! Nous avions reçu plein de messages d’encouragement et de félicitations, le soutien de toute une nation, c’était  magique. On a eu cette incroyable sensation de marquer les esprits. Ce moment me restera gravé en mémoire » Leur performance marquera d’ailleurs leur discipline lors de cycle olympique. « On commençait à faire peur. On avait notamment battu la Chine qui en plus était entraînée par Natalia Dmitrova, une entraîneur russe qui nous a aidé dans notre préparation pour les championnats du monde pendant les étés 2017 et 2018. Elle nous a beaucoup apporté. Je me souviens de répéter et traduire toutes ses consignes comme un perroquet, mais toujours avec beaucoup de plaisir ! », se souvient Élisabeth.

En guise de remerciement, elle tient à commencer par sa toute première coach, son club et son pôle. « Merci à Dzhanetta Frolova qui a su voir mon potentiel dans cette discipline et qui s’est donnée corps et âme pour me transmettre les meilleurs bases de ce sport. Merci à mon Club Gym Paris XV, à Annick et Jo Siclay pour leur soutien. Merci à Irina Starosvetskaya et au Pôle d’Evry de m’avoir accompagné dans mes débuts dans le haut niveau. »

Elle tient d’ailleurs aussi à remercier toutes les personnes qui ont marqué ses dernières années au sein de l’Ensemble France. « Je remercie mes coéquipières en premier, mes entraîneurs Géraldine et Samira , et particulièrement Greg [Gregory Milan] notre prof de danse, dont on ne parle pas souvent, mais qui est très présent pour nous. J’étais d’ailleurs triste qu’il ne nous accompagne pas lors des grandes compétitions internationales, je suis donc contente qu’il puisse cette fois ci partir avec les filles à Kiev. C’était génial aussi d’avoir la présence d’Océane [Charoy] ces trois derniers mois. Elle a le vécu, la passion de la GR et la passion de transmettre et c’est ce qui nous a permis d’avoir un peu de renouveau dans cette période compliquée. Et puis ça fait plaisir de voir que d’anciennes gymnastes veulent s’investir afin de faire progresser la France dans le milieu de la GR. Je suis donc contente qu’elle puisse suivre les filles à Kiev. Je remercie aussi Natalia Dimitrova entraîneur russe au grand cœur, Martin Vanderkam notre kiné et Stéphanie Nguyen notre médecin qui ont toujours été là pour nous lors des compétitions. Je tiens à remercier également le directeur de l’INSEP, Ghani Yalouz, avec qui j’ai sympathisé et qui m’a beaucoup aidé quand je suis devenue représentante des athlètes. Il m’a permis de rencontrer ma psychologue, Meriem Salmi, connue pour avoir créé la cellule psy à l’INSEP et accompagnée de très grands athlètes comme Teddy Riner. Je suis heureuse d’avoir eu la chance de pouvoir suivre des séances avec Meriem, une incroyable personne à mes yeux qui m’a forgé et que je remercie infiniment. Je remercie le DTN, Kevinn Rabaud pour m’avoir offert cette opportunité et conseillée de m’orienter vers SciencesPo. Je remercie, Nicolas Cazoulat et Cyril Godard, mes kinés à l’INSEP  et Claire Calmels, neurologue de la cellule recherche à l’INSEP, qui a notamment travaillé avec nous sur la cohésion d’équipe et l’imagerie mentale. » Toutes ces années engagées dans le haut niveau auront résolument marqué Élisabeth Rachid. « Toutes ces expériences m’ont permis de devenir la personne que je suis aujourd’hui et j’en suis très heureuse et fière  », conclut-elle.

Rendez-vous très prochainement pour la suite de l'interview !