TR - Une nouvelle carrière au Cirque du Soleil pour Brendan Renault
Vice-champion d’Europe junior en synchronisé et par équipe en 2012 et champion du monde en moins de 21 ans en 2017, le trampoliniste Brendan Renault a décidé d’intégrer le Cirque du Soleil. Il revient sur sa carrière, d’Oullins à l’INSEP, en passant par Bois-Colombes, et il nous explique sa décision.
Peux-tu revenir sur ta carrière ?
J’ai commencé le trampoline au Club Intercommunal des Sport acrobatique et gymnique (CIAG) à Oullins en 2002 avec Stéphanie et Floran. J’y suis resté jusqu’à mes 21 ans, avant mon départ pour le pôle espoir de Bois Colombes où je me suis entraîné avec Christine Blaise. En septembre 2019, j’ai intégré l’INSEP et jusqu’à mars 2024, je m’entraînais avec Sébastien Martiny.
Quels ont été les principaux temps forts ?
J’ai participé à ma première compétition internationale en 2010, les CMGA à Metz. En 2012, j’ai été vice-champion d’Europe par équipe et en synchronisé chez les juniors. En 2013, j’ai été finaliste des CMGA en moins de 18 ans. En 2017, je remporte les CMGA en moins de 21 ans. En 2018, je suis médaillé de bronze en coupe du monde à Loulé (POR) avec Pierre Gouzou en synchronisé. Je participe à mes premiers championnats du monde seniors la même année. Après ma première compétition internationale à Saint-Pétersbourg, je retiendrai les championnats d’Europe juniors, c’était vraiment une expérience folle où j’ai rencontré un de mes meilleurs potes actuels, Mikaël Viviani.
Pourquoi tu as décidé de mettre fin à ta carrière ?
Depuis tout petit je regarde les spectacles du Cirque du soleil et j’ai toujours eu envie de vivre cette expérience. Lorsque je me suis blessé en août dernier, je me suis questionné sur la fin de ma carrière sportive et peut-être de sauter le pas un peu plus tôt que prévu. J’ai pensé que c’était le bon moment pour avoir une seconde carrière dans le monde du spectacle.
Comment s’est passé ton recrutement ?
Ça a été très rapide. Début décembre, j’ai pris contact avec Julien Panel que j’ai rencontré sur plusieurs compétitions nationales et il m’a mis en contact avec Charlie Burrows. Fin janvier, une opportunité s’est présentée à Las Vegas pour remplacer un athlète sur le départ et ils m’ont demandé de faire rapidement une vidéo de candidature. Une semaine après l’envoi de cette vidéo, j’ai eu une proposition pour intégrer un des spectacles de Las Vegas, le Michael Jackson ONE.
Quel sera ton rôle ?
Je vais intervenir sur 3 axes du spectacle, « Beat it », « Black or Withe », « Thriller », en gros, je vais faire de la balançoire russe, du trampoline et bungy. Il y beaucoup de choses qui sont très loin de ce que je faisais, on doit danser, faire de l’acting pour rentrer dans le personnage et que ce soit attractif et divertissant pour les spectateurs. Mais j’ai un temps de formation assez large avant de débuter le 23 mai.
Quel sera ton rythme ?
Je suis arrivé aux USA il y quelques semaines. J’ai commencé par des tests médicaux avec un kiné, puis j’ai vu le spectacle. Ensuite, après une semaine sur place, j’ai commencé les entraînements. Nos journées sont un peu décalées, car les spectacles ont lieu à partir de 19h. À raison de 2 spectacles par jour, cinq jours par semaine, 48 semaines par an, le programme est dense !
Le trampoline ne va pas de manquer ?
Le trampoline ? Je vais en faire tous les jours (rire) et il est certain que désormais ce sera différent. Après ma blessure j’ai eu la chance de faire les deux tests pour tenter de me qualifier pour les Europe. J’ai fini 6e, ce qui est plutôt bien avec une préparation de seulement six mois, en sachant que c’était le temps minimum dont j’avais besoin pour revenir au regard de la gravité de ma blessure. Sur le dernier passage compétitif au test, j’étais ému. J’ai réalisé que j’aimais vraiment ça et je me suis demandé si je faisais le bon choix, mais j’avais déjà tout signé (rire). C’est une nouvelle expérience, c’est stimulant : c’est un défi. Ce qui va manquer le plus, c’est mon groupe d’entraînement et ma vie familiale. Je suis parti un peu dans l’inconnu mais je vais me construire un nouveau cercle amical.
Tu vas continuer à suivre le trampoline français ?
Oui au moins jusqu’à début août. Les Jeux olympiques c’est la plus grande échéance d’une carrière sportive. Très peu de sportif y participe, c’est très prisé, donc évidemment je vais suivre les performances des Français avec attention. J’espère les meilleures performances pour eux. Ensuite j’essaierai de continuer à suivre en fonction de mon planning.
Qu’est-ce que t’a apporté le trampoline ?
Le trampoline c’est un sport où on performe assez tôt. La réussite sportive repose sur l’organisation avec la gestion des entraînements et des cours. Les semaines sont assez denses. Il faut jongler avec les déplacements compétitifs et les stages. On est manager de notre vie et on doit choisir la meilleure stratégie pour performer au trampo et à l’école. Ça m’a également apporté de la rigueur, car tous les jours il faut s’entraîner avec une concentration importante en raison des risques et de la recherche de la perfection. L’adaptation est également primordiale. On n’a pas toujours les mêmes trampolines et on doit s’adapter pour rester dessus.
Peux-tu nous parler de ton double parcours ?
Mes parents m’ont laissé l’opportunité de faire du trampo à haut niveau mais à la seule condition que j’obtienne un diplôme qui me permettrait de travailler après ma carrière. J’ai eu la chance avec la passerelle « sportif de haut niveau » et « kiné », pour intégrer l’école de kinésithérapie à Paris. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai compris qu’il fallait avoir une capacité d’organisation hors norme parce que l’école n’était pas habituée à avoir des sportifs de haut niveau. Il a fallu trouver des compromis pour gérer les deux projets, avoir mon diplôme et les meilleures performances possibles en trampoline. Depuis 2022, je travaillais en tant que kiné, je pouvais plus facilement gérer mon planning.
Tu as d’ailleurs été kiné sur les CMGA 2023, peux-tu nous parler de cette expérience ?
C’était une expérience incroyable et exclusive parce qu’après une seule année d’expérience c’est rare d’avoir une opportunité comme celle-ci. On m’a fait confiance. J’ai adoré ma semaine même si c’était très intense puisqu’on était 2 kinés pour 50 athlètes. C’est une expérience que je souhaiterais renouveler. En tant qu’athlète je pense que c’est terminer donc revenir sur les compétitions, en tant que kiné, ce sera avec plaisir.